La Real Sociedad dispose d’un budget d’environ 55 millions d’euros, ce qui est moins que les budgets de Lille (75 millions) ou de Saint-Etienne (60 millions). Pourtant, à ce jour, ils occupent la 5e place de La Liga, à seulement 2 points de l’Atlético de Madrid, et sont qualifiés pour les quarts de finale de la Coupe du Roi, où ils affronteront le FC Barcelone. Plus important encore, cette équipe offre un football séduisant, ambitieux et orienté vers l’attaque ! Le moteur de cette transformation s’appelle Eusébio Sacristan. Son arrivée, en milieu de saison dernière pour remplacer David Moyes, a été synonyme de miracles pour cette équipe, tout en respectant les principes de jeu qu’il a cultivés lors de ses aventures barcelonaises entamées en 1988. Voici une analyse du style de jeu pratiqué à San Sébastian, où l’ambition européenne est clairement affichée !
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Composition et animation
La Real Sociedad en phase d’attaque
Eusébio Sacristan a dirigé le Barça B pendant plusieurs saisons et a été l’adjoint de Franck Rijkaard pendant 5 ans, tout en ayant joué plus de 100 matchs sous Johan Cruyff. Avec ce parcours, il possède des principes footballistiques solides et un projet de jeu bien défini. Pour illustrer l’influence de l’école barcelonaise sur ses joueurs et entraîneurs, un chiffre parlant : 21 des 27 joueurs du Barça lors de la saison 1996-1997 sont devenus entraîneurs ou directeurs sportifs. Cela témoigne d’un QI footballistique élevé et d’une passion sans limites au sein de ce club. Une fois à la tête de l’équipe première, Eusébio sait exactement comment il veut jouer et comment tirer le meilleur parti de son effectif, qui ne regorge pas de stars.
La Real Sociedad vise à contrôler le ballon en Liga, sans subir le jeu adverse. Cela implique une première relance où il est impératif de ne pas jouer le ballon à l’aveuglette vers un milieu ou un attaquant. Le gardien et les défenseurs centraux relancent depuis l’arrière sans briser les lignes, selon un schéma typiquement barcelonais, illustré ci-dessous :

Pour réussir cela, il est essentiel d’avoir un gardien possédant un bon jeu de pieds. Rulli fait partie des gardiens capables de touchers de nombreux ballons, et la défense n’hésite pas à passer par lui pour donner de l’oxygène à son jeu. De plus, Sacristan fait appel à des défenseurs centraux, qui ne sont pas des références à leur poste mais savent bien utiliser le ballon sous la pression adverse. Dans cette première relance, Illarramendi est souvent le premier relais au milieu, tandis que Zurutuza, grâce à son profil, permet de créer de l’incertitude chez l’adversaire en se déplaçant sur les côtés et en faisant monter le latéral, offrant ainsi plusieurs options de passe.

Finalement, avec William José, un joueur à l’aise dans le jeu aérien, Sacristan varie les relances afin de mieux l’impliquer dans les duels aériens, puis s’installer pour une attaque placée.
Le terme attaque placée est crucial dans le vocabulaire de la Sociedad. L’équipe possède une qualité technique remarquable au milieu de terrain, même sous la pression adverse. Ce point fort est essentiel pour faire circuler le ballon et étirer le bloc adverse, jusqu’à trouver l’occasion de frapper. Lorsqu’un milieu perçoit un espace, il l’exploite immédiatement pour progresser, ce qui force la défense à se déplacer et créer des décalages.

Xabi Prieto, grâce à son placement intelligent, parvient à offrir des solutions entre les lignes très serrées de l’adversaire. Ce qui renforce la puissance offensive de la Real Sociedad, c’est que Xabi Prieto n’est pas seul à savoir s’insérer entre les lignes. Eusébio Sacristan demande à ses ailiers de rentrer à l’intérieur pour générer cette même solution de passe :

Cette configuration présente de nombreux avantages : elle crée des supériorités numériques dans l’axe, permettant de faire tourner la balle en une touche et d’éliminer un adversaire en retard. En renforçant le milieu de terrain, les couloirs restent ouverts pour les latéraux, qui soutiennent systématiquement les attaques.
Enfin, l’un des principes présents dans bon nombre d’équipes européennes est la création de triangles sur le terrain pour désorienter l’adversaire :

Bien que la Sociedad ne défende pas des unités de buts comme certaines équipes, des circuits préférentiels existent. Par exemple, les centres de Yuri pour William José ou Prieto sont une première possibilité. Lorsque Vela et Oyarzabal se trouvent dans les 30 derniers mètres, ils cherchent des situations de tir ou provoquent des fautes. L’importance des montées des milieux est également à noter, avec Zurutuza se positionnant souvent dans la surface pour couper les centres ou tenter des frappes de loin.
La phase défensive de la Real Sociedad
Dans la plupart de ses rencontres, que ce soit à domicile ou à l’extérieur, la Sociedad évolue avec un bloc médian, adoptant un 4-1-4-1 ou un 4-4-2. Dans ce schéma, chaque joueur occupe une zone précise et cherche à bloquer les lignes de passes jusqu’à ce que l’adversaire soit contraint de jouer sur les côtés. À ce moment-là, toute l’équipe se déplace vers le ballon, en abandonnant presque totalement le couloir opposé. Cette occupation rapprochée minimise les chances d’une passe rapide à l’opposé pour l’adversaire.

Zurutuza et Illarramendi jouent un rôle primordial : Zurutuza provoque des pressions sur les côtés, tandis qu’Illarramendi couvre les décalages avec des interceptions réussies. L’équipe n’exerce pas un pressing total, mais applique un harcèlement au porteur de balle dans les 5 secondes suivant la perte du ballon, un principe toujours présent dans le football moderne.

En phase de repli, tous les joueurs contribuent aux tâches défensives. Les ailiers redescendent pour couvrir leurs latéraux et Illarramendi se rapproche des défenseurs centraux pour éviter les situations de déséquilibre. En rencontre contre le FC Barcelone, Illarramendi a été crucial pour isoler Messi, limitant son impact. Leur positionnement précis lors des transitions défensives est le fruit d’un entraînement minutieux. Dans les phases de corners, la Sociedad opte souvent pour une défense individuelle, ce qui contraste avec les habitudes barcelonaises.
Enfin, lors de la transition de la défense à l’attaque, Vela et José restent en première ligne, prêts à réceptionner les ballons et provoquer l’adversaire. Yuri, pour sa part, joue un rôle fondamental dans ce processus.
Les joueurs clés du collectif basque
Tout le monde sait que la Real Sociedad est le club formateur d’Antoine Griezmann. Ce club a toujours mis l’accent sur la formation de ses jeunes talents. Par exemple, Xabi Prieto, capitaine à 33 ans, n’a jamais quitté la Real Sociedad depuis qu’il en fait partie en 2003. David Zurutuza suit également cette voie. Son jeune coéquipier prometteur, Mikel Oyarzabal, est en plein essor à seulement 19 ans. Titulaire depuis 2015 après un prêt à Eibar, Oyarzabal possède une technique impressionnante et s’illustre par son travail sans ballon.
Le latéral gauche Yuri Berchiche, quant à lui, est également formé à la cantera de la Sociedad et a fait le tour des clubs avant de revenir. Sa vitesse et ses montées constantes le rendent indispensable. Il est également sûr en défense, remportant 54 % de ses duels.
En défense, Illarramendi joue un rôle déterminant, renforçant les lignes de construction tout en assurant une couverture défensive. Ce groupe de joueurs homogène montre un réel plaisir à jouer ensemble sous la direction d’Eusébio Sacristan, tout en étant conscient du travail à réaliser pour réussir.
Les axes de progrès
Cependant, cet effectif présente des faiblesses, notamment sur le flanc droit, où Carlos Martinez, bien qu’expérimenté, connaît des difficultés. La défense a également besoin de renforts, surtout pour faire face aux équipes de haut niveau. Les options de banc sont limitées, et l’absence de certaines pièces clés a déjà montré ses effets. Si la Sociedad aspire à une place européenne, un renforcement au niveau des effectifs sera nécessaire.
Concernant le jeu, des lacunes demeurent dans l’efficacité des corners et dans la couverture des transitions rapides. La défense centrale, parfois lente, est vulnérable aux attaquants rapides. Dernièrement, une meilleure finition serait bénéfique pour faciliter les matches, car l’épuisement physique et mental pourrait s’installer à l’avenir.
Conclusion
La Real Sociedad incarne un club bien organisé sur le plan sportif, avec des bases solides. Après une saison compliquée sous David Moyes, ils ont su revenir à des fondements footballistiques de leur essence, révélés par Eusébio Sacristan. Malgré un budget modeste en comparaison à d’autres clubs d’élite, leur performance en Liga rivalise avec des équipes plus riches, tout en offrant un spectacle plaisant aux supporters. Peut-on considérer cela comme un modèle à suivre pour les clubs français ?
Bilan
- Points forts :
- Principes de jeu intégrés par l’effectif basque.
- Joueurs dotés d’une grande intelligence footballistique.
- Complémentarité et cohésion entre les joueurs.
- Maitrise technique remarquée.
- Terrain en excellent état pour leur style de jeu.
- Mobilité et permutations omniprésentes sur le terrain.
- Mélange équilibré entre jeunesse et expérience, favorisant une maturité tactique.
- Points faibles :
- Peu de rotations et dépendance vis-à-vis du onze de départ.
- Côté droit fragile défensivement.
- Difficultés à convertir les temps forts en buts.
- Défense centrale lente face à des adversaires rapides.
- Pas de plan B ; l’équipe reste souvent figée sur ses principes de jeu.
- Peu de buts issus de coups de pied arrêtés.
- Risque d’épuisement physique et mental à mesure que la saison avance.

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