Leicester 2019-2020 : comment Brendan Rodgers, coach protagoniste, a renversé la Premier League ?

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En 2023, la Ligue 1 est-elle encore ce championnat, ce « paradis des vainqueurs » où l’on accorde uniquement « le mérite à ceux qui gagnent, parce qu’ils ont été plus forts que les autres » (1) ? La Ligue 1 reste-t-elle dominée par les partisans qui répètent inlassablement « Ça me va si on n’est pas très bien dans le jeu et qu’on est capables de gagner » (2) ou « si vous voulez du spectacle, dirigez-vous vers le cirque ! » (3) ? Didier Deschamps est-il toujours considéré comme « l’élu », représentant parfait de l’entraîneur français moderne, incarnant à la fois l’aboutissement de la compétence footballistique et la neutralité d’une vision du football éloignée des émotions qu’il procure aux spectateurs ? Si ces interrogations auraient pu recevoir une réponse positive indiscutable il y a 10-15 ans, l’incertitude règne actuellement. Bien que le football mondial contemporain s’articule autour d’un fétichisme de la compétition et d’une idolâtrie du résultat, rappelons-nous que ce sport s’est historiquement construit (4) comme un jeu, une activité libre, accessible et sans classement.

Une évolution de la culture footballistique

Dans ce contexte d’ambivalence, de quelle manière l’entraîneur de Ligue 1 peut-il s’affirmer aujourd’hui ? Au sein de cette lutte culturelle et idéologique sur le plan européen et mondial, la France évolue à travers son championnat d’élite. De nouveaux types d’entraîneurs (français ou non) émergent et transforment lentement notre culture footballistique : des réflexions partagées et transparentes avec l’observateur sur le jeu, l’importance de l’esthétique dans le sport, la critique de l’attentisme, et un modèle de jeu axé sur le protagonisme, quels que soient les moyens financiers du club, toutes ces idées se frayent un chemin dans nos discussions footballistiques.

Analyse de l’approche des entraîneurs

Il s’agit ici d’examiner ce processus à travers l’étude de trois entraîneurs de Ligue 1. Les questions qui se posent sont les suivantes : comment Franck Haise, Régis Le Bris et Paulo Fonseca tentent-ils de défendre un idéal de jeu « protagoniste » face au Paris Saint-Germain, l’équipe la plus forte du championnat ? Quelles sont les caractéristiques de ces modèles de jeu sur le terrain ?

Note : Si c’est votre première visite sur ce site, n’oubliez pas de consulter mon « idée clé », car elle est essentielle pour bien comprendre tout le contenu. Vous ne le regretterez pas.

Remarque au lecteur : Cette analyse se base sur un échantillon de trois matchs distincts : les affrontements de Lens, Lille et Lorient contre le Paris Saint-Germain en Ligue 2022/2023. Cela dit, et malgré les idées soutenues ici, cet article ne prétend pas à l’exhaustivité ni à la vérité absolue. Les opinions présentées n’engagent que l’auteur. Enfin, les citations directes des entraîneurs n’auraient pas été possibles sans l’aide précieuse d’Alexandre Haddad, que l’on remercie ici. Crédits photo : iconsport. Les chiffres proviennent des plateformes whoscored.com, Opta et Fotmob.com.