Que vous soyez entraîneur novice ou chevronné, observer les matchs du weekend est une source incessante d’inspiration pour développer une identité footballistique qui vous correspond. Sur notre plateforme, comme le démontre ce plaidoyer à revisiter à tout moment, nous nous efforçons de déchiffrer le travail des entraîneurs « protagonistes » et créatifs, afin d’assister les passionnés à peaufiner leur perception du football. Dans cette optique, l’analyse des joueurs est souvent le meilleur reflet de la philosophie de leur entraîneur et de toutes les personnes ayant contribué à leur « révélation ». Le match de Coupe perdu par Leeds contre Arsenal constitue un cas d’étude captivant pour les observateurs passionnés. Grâce à une analyse approfondie, vous pourrez constater que le rôle du gardien, en particulier dans son jeu au pied, devient chaque jour plus crucial pour initier des actions et enrichir la créativité de l’équipe. Démonstration avec Illan Meslier, international espoir français, qui a montré tout son talent durant son premier match titulaire le 6 janvier 2020.
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Résumé vidéo
Illan Meslier en quelques mots
Comme beaucoup de jeunes sortant d’un cursus scolaire à la recherche de stages, le CV d’Illan Meslier peut sembler léger de prime abord. Pourtant… Né en 2000, il évolue dans la région bretonne et intègre le centre de formation du FC Lorient dès l’âge de 9 ans. Pour ceux qui ne le savent pas, entrer dans le centre de formation des Merlus est un gage de qualité dans le football français. En effet, il bénéficie d’un encadrement de choix sous la direction de Régis Le Bris, qui défend une vision de football proactif. Il est assisté par une équipe d’éducateurs partageant souvent la même philosophie, comme Thierry Guillou, maintenant au SM Caen, mais ayant longtemps été au FCL.
Illan Meslier franchit avec succès les étapes jusqu’à entrer dans le groupe professionnel. Il est par ailleurs convoqué en équipes de France U18, U19, U20 et U21. Face à la concurrence de Paul Nardi cette saison, il prend le risque de quitter la France pour continuer son apprentissage auprès de l’expérimenté Kiko Casilla et surtout de l’immense Marcelo Bielsa. C’est dans ce contexte qu’il est titularisé pour la première fois le 6 janvier 2020.
Lors de ce match important contre Arsenal, où joue également Mattéo Guendouzi, ancien pensionnaire du centre de formation du FC Lorient, son rôle tactique est déterminant. Comme l’a compris Bielsa et son staff, Mikel Arteta tentera de presser haut la défense de Leeds. Dans ce cadre, pour déployer un jeu construit, Meslier sait que ses coéquipiers et son entraîneur s’attendent à ce qu’il soit une option de passe et serve de plateforme de relance face à la pression adverse. Illan Meslier a-t-il réussi sa mission ?
Analyse du jeu au pied d’Illan Meslier ou comment contrer le pressing adversaire ?
Marcelo Bielsa et Mikel Arteta partagent une idée commune qui peut se résumer ainsi : dans le football, il y a toujours une équipe qui a plus le ballon et l’autre qui court après. Aucun des deux ne souhaite être l’équipe qui poursuit le ballon, mais plutôt celle qui le contrôle. Cela passe par une phase de récupération bien travaillée. L’objectif est donc de presser, au minimum par séquences, et de placer ses joueurs haut sur le terrain, non pas dans une approche passive, mais proactive. L’objectif n’est pas de défendre, mais d’« attaquer la défense » !
Cela conduit à des matchs très intenses où l’élimination du pressing adverse est une clé tactique. C’est ici que le rôle du gardien, en particulier celui d’Illan Meslier, devient crucial :
- (Face à Özil et Lacazette en tant que premiers prescripteurs, Leeds utilise sa supériorité numérique en 4 contre 2, à savoir Meslier pour former un diamant et conserver le ballon en jouant sur la largeur du terrain.)
- (Par l’intermédiaire de son défenseur central Berardi, Leeds attire le bloc adverse sur un côté. Philipps, milieu central, réaliste, perçoit qu’Arsenal est en position pour les piéger et décide de s’appuyer sur son gardien en une touche.)
- (La lecture de la situation est parfaite pour Meslier. Le bloc des Gunners se dirige à droite, avec Nelson qui se joint à cette première ligne pour presser l’autre défenseur central de Leeds : l’homme libre se trouve donc dans son dos. Il est maintenant temps pour le gardien de passer à l’acte technique en réussissant une passe mi-longue.)
- (Pour profiter de l’avance acquise grâce à sa bonne lecture du jeu, permettant d’initier un décalage dans le camp d’en face, et face à la pression de Nelson qui revient, le jeune gardien de 19 ans a dû effectuer la passe parfaite. C’est chose faite, comme l’illustre l’image.)
Lors de la deuxième séquence, le gardien démontre à nouveau son habileté dans un contexte similaire :
- (Ici, Arsenal cherche à presser haut dans le camp adverse dès qu’une passe latérale est lancée. Bien que Philipps demande clairement d’orienter le ballon vers lui, Berardi prend le risque de chercher Philipps.)
- (Cette passe, bien que risquée, permet d’attirer efficacement le bloc d’Arsenal, un peu comme dans la situation précédente.)
- (Bien que la pression augmente, le but tactique est atteint : attirer la première ligne et s’appuyer sur le jeu au pied du gardien pour créer un décalage par-dessus celui-ci pour un latéral plus avancé à droite ou à gauche). Lors de son premier match officiel, le gardien formé à Lorient a une responsabilité importante, car la qualité de ses passes conditionne le reste de l’action. Il continue d’éblouir avec une nouvelle passe réussie en une touche de balle.)
(L’homme libre a été trouvé dans un espace dégarni : Leeds peut désormais créer du danger dans le camp adverse.)
Cette troisième séquence est fascinante car elle illustre la capacité du gardien à gérer la pression pour, encore une fois, créer le décalage :
- (Meslier vient de recevoir le ballon de son latéral droit, il le contrôle sans se précipiter à le renvoyer. Cependant, Lacazette a déjà commencé son harcèlement.)
- (Serait-ce une provocation ? Plutôt que de hâter son geste, le jeune gardien oriente ses épaules vers la zone qui l’intéresse tout en stoppant le ballon de la semelle. Cela surprend Lacazette, qui marque un temps d’arrêt avant de repartir. Ainsi, le gardien prend le temps de fixer.)
- (Ensuite, c’est un modèle de réalisation technique sous pression : le corps est déjà orienté dans la direction voulue. Même si Lacazette se trouve à quelques centimètres, il est loin de pouvoir récupérer le ballon : le pied d’appui, la cuisse et le bras créent des obstacles. Le ballon est positionné à une distance raisonnable de l’international français. Ces détails sont cruciaux à haut niveau, car ils fournissent juste le temps nécessaire à l’ancien gardien lorientais pour effectuer une passe précise alors que le bloc des Gunners est aspiré.)
Une dernière configuration majeure pour l’ancien lorientais se présente : le jeu long vers l’homme libre dans le camp adverse :
- (Lors de cette séquence, on observe presque exactement la même situation que précédemment : un bloc attiré d’un côté et un gardien utilisé comme solution. Toutefois, la réponse technique diffère : il choisit non pas le jeu « mi-long » mais une passe directe dans le camp adverse.)
- (Dans ce registre aussi, la réalisation technique est impeccable. Ainsi, même en présence d’un adversaire proche, cela permet à Harrison de contrôler avec un peu de temps.)
- (Le contrôle d’Harrison met en valeur cette relance. Il est effectué de l’extérieur du pied gauche, à contre-courant de la course de son défenseur et vers un espace libre. La combinaison de ces deux gestes techniques réussis permet à Leeds d’annuler la pression d’Arsenal.)
Conclusion
Au-delà de sa performance impressionnante balle au pied, un chiffre témoigne également de la qualité de son match dans un aspect plus traditionnel : 16 tirs d’Arsenal, 6 cadrés, 6 arrêts, dont 4 dans la zone de vérité (le but étant issu d’une situation où sa responsabilité peut être discutée). Les spécialistes aiment comparer Illan Meslier à Thibaut Courtois, surtout en raison de sa stature de 1m96. Bien que l’on espère une carrière aussi réussie pour ce jeune gardien, il est intéressant de noter que le jeune international français possède déjà un jeu au pied très prometteur, peut-être même supérieur à celui de son homologue belge. Le principal défi pour lui sera de maintenir cette performance. En effet, un dicton résume bien l’idée : « faire c’est bien mais reproduire c’est mieux ». Sera-t-il capable de le faire et de s’imposer dans les cages des Whites face à un Kiko Casilla âgé de 34 ans ?
Source images : www.iconsport.fr

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