La Lazio Rome d’Inzaghi : le retour des années dorées ?

Au début de la saison, l’attention s’est rapidement portée sur la Lazio suite aux rumeurs concernant l’arrivée de Marcelo Bielsa au sein du club. Cette formation semblait sur le point de vivre une aventure médiatiquement captivante sous la direction de l’emblématique entraîneur argentin. Cependant, les choses ne se sont pas déroulées comme prévu par les médias et les dirigeants. Bielsa n’est pas venu, et il a fallu agir rapidement. L’équipe est alors tombée dans l’oubli. Dans ce contexte, l’encadrement a opté pour renouveler sa confiance à Simone Inzaghi, l’une des légendes du club, présent à la fin de la saison précédente. Aujourd’hui, la Lazio est à un pas de la Ligue des champions, devançant des clubs comme ceux de Milan, sans avoir investi des millions et sans renouveler complètement l’effectif. Comment Inzaghi a-t-il transformé cette équipe, la rendant à la fois efficace et plaisante à voir jouer ?

N.B : Si c’est votre première visite sur le site, n’oubliez pas de consulter ma page À propos, car elle est essentielle pour comprendre l’ensemble du site. Je suis certain qu’elle vous plaira.

Composition et animation

Des principes offensifs cohérents

« Il est très important de s’installer rapidement, de s’adapter à la culture et à l’organisation et de connaître tous les joueurs du club – équipe première, réserve, jeunes, etc. (…) Écouter, apprendre, être flexible : tout cela est crucial pour une intégration durable dans la culture d’un club. » Ces paroles, extraites du livre récent « Carlo Ancelotti : le leader tranquille » (traduit par Raphael Cosmidis et Charly Moriceau), illustrent parfaitement Simone Inzaghi, son rôle dans le club et le travail acharné qu’il a effectué. Cette figure emblématique des années 90 a d’abord dirigé les équipes de jeunes avant de prendre en charge la formation principale. Il a ainsi pu réaliser un diagnostic complet de l’intérieur du club, analysant les forces et les faiblesses de son équipe.

Il est évident que l’effectif de la Lazio est sous-estimé. Les grands médias n’y voient ni stars ni futurs cracks à la manière d’un Mbappé. Néanmoins, le potentiel est immense, à condition de savoir analyser les qualités des joueurs. Ensuite, il s’agit d’adapter intelligemment les principes de jeu aux forces du groupe. Cette clarté et cette pertinence dans le regard sont peut-être les aspects les plus difficiles à réaliser pour un entraîneur, surtout quand il s’agit de développer un style basé sur les initiatives comme Inzaghi. C’est ce qui le distingue d’un bon entraîneur d’un entraîneur d’élite.

Alors, comment s’articule cette équipe sur le terrain ? Les grandes équipes commencent souvent dans un schéma (comme dans un 4-3-3 ou un 4-4-2), mais elles ne jouent jamais vraiment dans ce système durant les matchs. La Lazio d’Inzaghi respecte ce principe. Le 4-3-3 dessiné sur le tableau est beaucoup plus fluide pendant le match. En pratique, on se rapproche plutôt d’un 4-2-3-1. Le positionnement des joueurs en phase offensive ressemble essentiellement au schéma suivant :

Pourquoi Lulic et Basta se positionnent-ils sur les ailes en diagonale ? Quelle est la raison d’une telle densité de joueurs à l’intérieur ? Pourquoi Biglia semble-t-il un peu isolé au milieu ? Les réponses d’Inzaghi à toutes ces questions visent à placer son équipe dans les meilleures conditions pour exprimer l’une de ses grandes forces : l’alternance entre jeu court et jeu long !

Les défenseurs centraux néerlandais incarnent parfaitement ce principe de jeu. Ils sont souvent sollicités par le gardien via des passes courtes (pratiquement tous les 6 mètres sont joués au sol !). Ils peuvent ensuite effectuer des relances longues depuis l’arrière pour lancer un joueur ayant fait un appel judicieux. Inzaghi sait qu’il dispose de défenseurs formés à l’école néerlandaise, entraînés non pas uniquement à détruire le jeu adverse, mais aussi à distiller des passes, grâce à une relance verticale très précise. De plus, De Vrij et Hoedt n’hésitent pas à avancer avec le ballon pour fixer un adversaire, forçant ainsi ce dernier à se déplacer et à libérer un espace pour un coéquipier démarqué.

(De Vrij n’hésite pas à avancer avec le ballon pour fixer des adversaires, ce qui laisse un espace à un partenaire comme Milinkovic, bien positionné entre les lignes).

(Hoedt, avec le ballon, lève la tête pour voir loin devant lui. Basta, dans le coin droit, sera servi en profondeur dans les secondes suivantes grâce à une magnifique passe transversale).

La Lazio ne « balance » pas le ballon devant ainsi sans réflexion. Ces séquences répétées démontrent que le processus est réfléchi et travaillé. Le jeu des Laziali penche d’ailleurs souvent vers la droite grâce à l’activité incessante de Basta. Avant de pouvoir faire des passes longues de qualité, les premiers relanceurs de la formation romaine n’hésitent pas à multiplier les passes latérales en arrière jusqu’à s’ouvrir le jeu devant eux sur une dizaine de mètres. Un autre joueur clé dans le développement de ce jeu long est Lucas Biglia. Joueur international argentin, il est véritablement le chef d’orchestre de l’équipe. Il sait parfaire le jeu avec ses passes transversales précises.

Sur le plan offensif, les joueurs savent exploiter les compétences des relanceurs. Ils combinent un grand volume de courses. Immobile peut décrocher, entraînant instantanément un autre joueur offensif comme Milinkovic ou Anderson dans son sillage. Il sait également provoquer des appels vers l’extérieur, permettant ainsi aux milieux de côté de rentrer à l’intérieur à sa place. Par conséquent, les premiers relanceurs ne manquent jamais de solutions grâce à la complicité des attaquants Biancocelesti.

Cependant, ce jeu long, aussi bon soit-il, ne peut pas être systématique face à des adversaires tactiquement honnêtes, qui finiraient par s’adapter. Simone Inzaghi a travaillé sur différents cheminements pour créer un maximum d’incertitudes chez l’adversaire. En effet, face à une équipe qui abuse du jeu long, l’adversaire peut, entre autres, choisir de reculer pour anticiper la passe, mais cela pourrait aussi étirer ses lignes. Adopter un pressing haut pour empêcher les relanceurs de distribuer le jeu présente des risques, notamment laisser des espaces dans le dos, surtout en cas de manque de coordination dans le pressing (la finale de Coupe de la Ligue 2017 entre Paris et Monaco en est un bel exemple).

Inzaghino est conscient de ses failles et a préparé son effectif pour en tirer le meilleur parti. Tout d’abord, les joueurs romains n’hésitent pas à multiplier les passes au milieu de terrain pour attirer l’adversaire. Avec environ 462 passes par match et une possession de balle moyenne de 52%, la Lazio possède une certaine qualité technique pour jouer court. Il s’agit ensuite d’exercer une pression efficace à la profondeur suite aux appels des attaquants.

(Les joueurs Laziali passent à gauche dans des espaces réduits, attirant ainsi les joueurs de Bologne qui tentent de les presser. Biglia, qui réussit à se démarquer dans l’axe, recevra le ballon et pourra effectuer une passe précise sur Immobile, qui partira en profondeur).

Deuxièmement, ils aiment s’installer dans le camp adverse, mettant l’opposant sous pression et lui faisant croire à un jeu long pour ensuite proposer une combinaison en deux ou trois passes, ou même un dédoublement, grâce à des joueurs intercalés et proches linéairement.

(Lucas Biglia possède le ballon et la défense de Bologne commence à anticiper un éventuel jeu long. Cela permet à Immobile de se proposer pour un relais court. Ce sera cette combinaison à trois avec Parolo qui sera recherchée pour créer le décalage. Notons également le positionnement de Basta à l’intérieur, qui crée une option supplémentaire au centre alors qu’il est défenseur latéral. Guardiola apprécie d’ailleurs cette utilisation des latéraux à l’intérieur).

Une fois les décalages réalisés grâce aux nombreuses combinaisons, les Biancocelesti s’efforcent de conclure les actions le plus efficacement possible. La création de triangles dans les 30 derniers mètres en est une illustration.

(Exemple illustratif d’une action en triangle visant à créer une situation de centre ou de frappe. Parolo, Lulic et Anderson combinent pour trouver la passe dans l’espace libre permettant à Anderson de clore la séquence dans la surface).

Par ailleurs, les joueurs de la Lazio multiplient les centres pour Immobile, qui, en véritable renard des surfaces, n’a pas besoin de nombreuses occasions pour marquer. Ils réalisent près de 15 centres par match. Ils n’attendent pas nécessairement d’avoir débordé leur vis-à-vis pour le faire. Dès les 40 mètres, si l’espace est suffisant, Lulic, Basta ou Anderson n’hésitent pas à envoyer le ballon dans la boîte. Milinkovic et Immobile bénéficient également des nombreuses montées de Parolo, augmentant la densité dans la surface de réparation. Soulignons enfin la fréquence des frappes de loin, en particulier lorsque l’adversaire se regroupe autour de sa surface.

Une défense collective et compacte

Avec seulement 31 buts encaissés, la Lazio possède la troisième meilleure défense du championnat. Lors des cinq derniers matchs, ils n’ont concédé que 2 buts. Cette solidité repose sur un plan de jeu rigoureux et réfléchi dans ce secteur. En effet, aucune équipe dépourvue de véritables stars ne pourrait atteindre un tel classement sans un effort défensif partagé. C’est le cas chez les Biancocelesti, où chacun contribue à l’ensemble pour éviter de se mettre en danger.

La plupart du temps, l’animation défensive de la Lazio s’articule autour d’un 4-4-2 ou d’un 4-2-3-1. La hauteur du bloc, et donc de la ligne de récupération, change selon le contexte et l’adversaire. La défense en zone est une constante chez Inzaghi. Les joueurs se déplacent en fonction du ballon et suivent le système maintenant classique de coulissement.

(Le schéma en 4-4-2 en zone est le reflet de cette approche, s’étendant sur toute la largeur du terrain. On peut apercevoir Anderson, à droite, un peu trop éloigné du jeu).

Immobile et Milinkovic n’hésitent pas à descendre bas pour bloquer les milieux adverses dans une tenaille à quatre au centre. Cependant, l’objectif principal demeure de récupérer le ballon sur les côtés, ouvrant ainsi une brèche pour l’adversaire qui doit s’y engouffrer. Les déplacements de Biglia et Parolo sur les ailes créent souvent des supériorités numériques.

(La défense habituelle de la Lazio se résume en une image. Dans la zone indiquée, on constate un équilibre de 4 contre 4 durant le coulissement des joueurs axiaux. Parolo et Anderson se préparent à entrer pour compenser, laissant les joueurs de Sassuolo à gauche totalement délaissés. En défense de zone, on ne tient pas compte des joueurs opposés au ballon, mais on se positionne uniquement en fonction de celui-ci).

Généralement, le bloc défensif se positionne de manière médiane ou basse. Simone Inzaghi ne demande pas à ses joueurs de pratiquer un pressing intensif sur l’ensemble du terrain, car il n’a pas d’effectif larges en termes de rotations pour cela. Toutefois, ils n’hésitent pas à remonter en cas de jeu laxiste de l’adversaire vers l’arrière ou maladroit sur un côté. Dans telles situations, le joueur le plus proche du ballon effectue un harcèlement intense pour fermer les angles à l’adversaire. Les coéquipiers se rapprochent alors pour couper d’éventuelles lignes de passe. L’adversaire est alors contraint de jouer long ou de « balancer » le ballon en cas d’incapacité technique. La lecture de jeu de Biglia s’avère décisive, car il sait se positionner là où le ballon tombera. La qualité du jeu aérien des défenseurs centraux facilite également la récupération des secondes balles durant ces phases.

Enfin, les transitions défensives-offensives ne sont pas négligées par Inzaghi. Elles sont cruciales et génèrent de nombreux buts pour la Lazio. Les qualités de vitesse et de montée des joueurs comme Anderson, Lulic, Basta ou Milinkovic se révèlent redoutables dès qu’ils ont les ressources physiques nécessaires. Le but marqué contre Bologne le 5 mars 2017 l’illustre parfaitement.

(Récupération basse de la défense centrale à proximité de la surface. Ils arrivent tout de même à relancer sur Milinkovic, qui contrôle le ballon face au jeu).

(Milinkovic progresse sur 30 mètres en résistant au retour des milieux de terrain adverses. Immobile, après un bon positionnement, est servi par Milinkovic entre les lignes et se retrouve en position d’affronter le gardien pour marquer le deuxième but de la soirée).

La Lazio d’Inzaghi est particulièrement efficace lors des phases de transition et des contre-attaques. La qualité technique de certains milieux de terrain, combinée aux bons déplacements d’Immobile, fait une différence majeure en Série A. Quels sont d’ailleurs les autres joueurs clés de cet effectif ?

Des leaders techniques et complémentaires

Outre l’importance d’Inzaghi dans l’élaboration de principes de jeu solides, certains joueurs agissent comme des relais idéaux de sa philosophie sur le terrain. Chaque ligne possède un « joueur socle » sur lequel l’entraîneur peut compter pour pérenniser ses idées. En défense, il convient de souligner le rôle crucial des deux néerlandais en charnière centrale. Wesley Hoedt et Stefan De Vrij sont des défenseurs techniquement doués, tous deux issus de la formation néerlandaise. Le premier provient du centre de formation de l’AZ Alkmaar tandis que le deuxième a fait ses classes au Feyenoord Rotterdam. Ces jeunes joueurs sont complémentaires et symbolisent l’avenir du football néerlandais, encore en quête de renouveau.

Cependant, la véritable tête pensante de l’équipe se nomme Lucas Biglia. En tant que véritable « aspirateur » de ballon, il est au centre de chaque action. Né le 30 janvier 1986, Biglia a 31 ans et sa carrière est quelque peu ombragée, peut-être en deçà de son immense potentiel. Formé au sein d’Argentinos Juniors, il débarque en Europe à 20 ans, non pas en Espagne ou en Italie, mais en Belgique, signant en 2006 un contrat de quatre ans avec Anderlecht. Après plusieurs saisons réussies, alors que plusieurs clubs prestigieux s’intéressent à lui, il reste en Belgique jusqu’en 2013. Il choisit alors de rejoindre la Lazio, qui n’est plus en haut de l’affiche. Néanmoins, sa carrière prend un tournant comme le souligne Markus Kaufmann dans So Foot le 28 mars 2015 : « Adepte de la sécurité avant tout, l’Argentin ennuie l’Olimpico et symbolise à lui seul la déception de la Lazio (…) Mais depuis son retour du Brésil, tout a changé. »

Intelligence de placement, acuité du jeu, agressivité et qualité de passe, voilà résumer le profil footballistique de l’Argentin. Sa science du jeu lui permet de déterminer quand accompagner un pressing tout en restant en couverture. Biglia excelle dans les récupérations de deuxièmes balles, facilitant ainsi les relances. Cette saison, il est particulièrement efficace avec près de 50 passes par match, dont 65 % vers l’avant. Son jeu long est d’une parfaite qualité, si bien qu’il tire casi exclusivement tous les coups de pied arrêtés.

Biglia n’est pas le seul à distribuer les bonnes passes. Il est épaulé principalement par le serbe Sergej Milinkovic-Savic. Cette saison marque l’émergence de ce milieu de terrain grand gabarit (1m92) qui affine son jeu. Formé à Novi Sad et passé par Genk avant de rejoindre la Lazio en 2015, l’international serbe prouve chaque week-end que la grande taille ne signifie pas maladresse technique. Ses contrôles orientés et son jeu de dos au but sont un véritable plaisir à observer. Avec un bon volume de jeu, il remporte plus de 50 % de ses duels. Sa capacité sur les jeux de tête, qu’ils soient offensifs ou défensifs, est également remarquable (66 % de duels gagnés de la tête). C’est surtout balle au pied ou dans ses mouvements offensifs qu’il montre le plus d’évolution. Efficace, il sait poser la dernière touche quand il le faut pour déséquilibrer l’adversaire ou finaliser une action. Avec 4 buts et 4 passes décisives, à seulement 22 ans, il peut encore améliorer ses statistiques personnelles, afin d’illustrer clairement son rôle crucial dans le jeu Biancocelesti.

Ciro Immobile, l’attaquant vedette de la Lazio, reste le fer-de-lance de cette équipe revancharde désireuse de briller sur la scène nationale. À 27 ans, passé par Séville et Dortmund, il a déjà fait trembler les filets 18 fois en Série A. Souvent considéré comme un renard des surfaces, sa palette est néanmoins bien plus vaste. Il excelle dans les appels profonds tout comme dans le jeu au sol. Sa puissance physique, associée à une vitesse correcte et à une intelligence de déplacement supérieure à la moyenne, lui permet de prendre l’ascendant sur ses adversaires. Sa réputation de renard des surfaces provient probablement de son incroyable efficacité, marquant avec très peu d’occasions. Très mobile, mais peu enclin au dribble, il ne craint pas non plus d’effectuer des tâches défensives comme tout grand attaquant international. Quand la Lazio joue à l’Olimpico, c’est lui le représentant de l’aigle de Rome !

Les axes de progrès

Cette équipe n’ayant pas perdu depuis le 29 janvier 2017 en championnat peut encore s’améliorer dans plusieurs domaines. Nous avons mentionné l’importance de Lucas Biglia dans l’organisation du jeu romain. Ce rôle clé peut se muer en dépendance. Si un adversaire parvient à le neutraliser, la Lazio pourrait connaître de sérieuses difficultés à se faire entendre sur le terrain.

D’autre part, cette équipe se montre peu convaincante dans les duels individuels sur des espaces restreints. Les situations de dribble sont rarement à l’avantage des Biancocelesti. L’exception se nomme Keita Baldé. Cet international sénégalais de 22 ans n’est pas titulaire indiscutable, mais il entre pratiquement à chaque match et presque toujours en premier. Il apporte notamment cette qualité de dribble et ce pouvoir déstabilisant dans les rencontres serrées. Déjà auteur de 8 buts sans être un titulaire régulier, il compense ainsi les difficultés des Romains à faire la différence par la technique. Sa situation à la Lazio avec des statistiques aussi impressionnantes pourrait le voir quitter bientôt le club.

Le fait que Keita Baldé soit souvent le premier joueur à intégrer le jeu n’est pas nécessairement un bon signe concernant la profondeur de banc de l’équipe. Beaucoup des autres joueurs qui intègrent la rotation sont très jeunes (Murgia, Lombardi, Rossi…) et donc sujets à des performances inégales. Avec le deuxième effectif le plus jeune de la Série A, juste derrière le Milan AC, Inzaghi pourrait rapidement se retrouver à court de solutions. Cette absence de profondeur l’oblige à aligner presque toujours le même onze de départ, ce qui pourrait entraîner une fatigue physique accrue en fin de saison.

Enfin, terminons sur deux petites précisions qui pourraient se révéler problématiques à long terme pour la Lazio. Le latéral gauche et capitaine de l’équipe, Stefan Radu, malgré son professionnalisme et son sérieux, n’est clairement pas un défenseur latéral de formation. Ses déplacements offensifs et la qualité de ses centres affaiblissent le flanc gauche de l’attaque, ce qui explique que la plupart des offensives des Laziali se déroulent sur le côté droit. À noter également que cette équipe est constituée presque uniquement de droitiers. Ce détail souvent négligé peut s’avérer significatif dans l’analyse du jeu adversaire. Cette prépondérance de joueurs droitiers rend les actions offensives, notamment le dernier geste, plus prévisibles, et la défense plus facilement déséquilibrable pour un attaquant cherchant à exploiter le côté faible en un contre un.

Conclusion

Avec un budget d’environ 75 millions (l’équivalent de celui de Lille), la Lazio, en se plaçant quatrième de la Série A, réalise actuellement une saison remarquable malgré un contexte tendu durant l’été 2016. Cette réussite comptable est accompagnée d’un jeu séduisant où créativité, esthétisme et respect du spectateur sont soigneusement pris en compte. Simone Inzaghi a su analyser son équipe avec précision. Son effectif présente trois qualités essentielles pour bâtir une équipe dominatrice : une qualité technique indéniable, un volume de course conséquent et une intelligence tactique fine. Une politique de recrutement astucieuse et variée, l’émergence de jeunes talents, un entraîneur exigeant et impliqué, ainsi qu’un environnement sportif apaisé, voilà les fondements de la stratégie sportive romaine. Ces attentes sont-elles vraiment inatteignables pour nos clubs français aux budgets contraints ? À vous d’en juger !

Bilan

  • Une équipe riche en qualités techniques.
  • Un effectif solidaire, capable de défendre collectivement tout en maintenant un grand volume de course.
  • Une intelligence collective incarnée par Lucas Biglia.
  • Un entraîneur qui connaît le club sur le bout des doigts et sait exploiter les forces d’une formation juvénile en pleine ascension.
  • Un soutien populaire véritable au sein de la ville et un grand stade.
  • La capacité de Ciro Immobile à convertir un grand nombre d’opportunités.
  • Un effectif capable de s’imposer tout en défendant de manière compact lors des transitions.
  • Des défenseurs centraux techniques, aptes à opérer des décalages depuis l’arrière.